Kamakura (鎌倉) (1)
Souvenirs d'une petite visite de la ville de Kamakura et de ses environs en 2008.
Kamakura, c'est une jolie petite ville au bord de la mer, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tôkyô en suivant la côte. Une jolie petite ville côtiere, à l'air bien inoffensive et un peu endormie, avec le mont Fuji clairement visible derrière quand il fait beau, ça fait toujours bien sur les cartes postales qu'on envoie.
Bah, ça a juste été la capitale du Japon à proprement parler pendant près de 150 ans (de 1192 à 1333 exactement).
Pour résumer, ça a commencé à peu près au moment où un certain Minamoto no Yoritomo, un beau matin, se réveille avec l'envie folle de faire quelque chose.
Son papa, Yoshitomo, était un super poteau de l'Empereur quelques années plus tôt, pour lui avoit filé un beau coup de main dans une méchante bataille de succession, bien sanglante comme on savait en faire à l'époque. Il avait été aidé pour ce faire par un copain, Taira no Kiyomori. À partir de là, tout ce beau monde aurait pu rester tranquille à se soûler la gueule au karaoke à côté de la Cour à Heian (Kyôto).
Mais c'était oublier que les deux copains étaient des guerriers. De plus en plus jaloux l'un de l'autre, ils commencent à sérieusement se taper sur la gueule, et embrigadent chacun de leur côté une partie de la Cour Impériale. Du coup, on s'amusait à se trucider entre courtisans et ça n'était pas très sérieux. L'Empereur, en voyant ce foutoir, engueule fort fort Yoshitomo (il en fallait bien un des deux), et lui pratique une ablation de la tête pour lui apprendre un peu la vie.
Après ça, Kiyomori est le seul chouchou de l'Empereur. Il devient un peu insupportable, rentre dans le Palais Impérial sans s'essuyer les pieds, et fait chier son monde en squattant la salle de bains des heure et en piquant tous les yaourts. L'Empereur finit par le foutre dehors manu militari, et appelle notre beau Yoritomo (qui lui n'avait pas été trucidé comme son papa, juste exilé) pour empêcher ce pique-assiette de première et sa famille de revenir.
Ça finit encore dans une guerre pas possible, où Yoritomo fait la tête au carré à tout le monde, y compris à son petit frère, qui avait pété de travers en essayant de s'immiscer un peu trop dans ces affaires. Même qu'il y en a qui appellent ça la guerre de Dan-no-Ura. Après ça, l'Empereur est tellement jouasse qu'il meurt. Son successeur nomme Yoritomo du titre enviable de shôgun, c'est-à-dire grand chef militaire.
Mais ça ne suffit pas à Yoritomo, qui trouve que Kyôto c'est trop snob, que les filles sont pas très belles, et que les gens parlent avec un accent absolument incompréhensible (il avait raison). Et puis il a plus d'ambition que ça, notre petit. Alors il va s'installer à Kamakura faire sa cuisine en 1192, parce qu'il y fait plus frais en été, et parce que c'est trop loin pour que l'Empereur vienne mettre son nez dans ses affaires. De ce village complètement paumé, il va fonder un pouvoir tellement fort qu'il va complètement occulter celui de l'Empereur.
Et puis, les années passent. Les Mongols tentent de se farcir le Japon par deux fois, sans y arriver, mais mettent le pouvoir sur la paille. Les gens pas contents, finissent par se rallier de plus en plus nombreux à l'Empereur, et une poignée de petits malins foutent le feu à Kamakura en 1333 en protestation. Comme c'était pas très bien ignifugé à l'époque, ça prend bien. C'est con.
Bref, depuis, ça n'est plus trop un lieu de pouvoir, mais c'est un beau centre religieux, couvert de temples et de sanctuaires en tous genres.
À la sortie de la ville au nord, un magnifique et célèbre temple noyé dans la verdure, le Engaku-ji (円覚寺).
Bien agréable balade.
(Suite...)